... tenir bon
NON. Oui et non. Et merde!! !
Même s’il commence à être usé, qu’il ne tient plus vraiment en place, je porte mon masque.
J’y suis obligé.
Il faut que je sois celle qui malgré une façon de penser particulière est "normale".
Il faut que je cache celle qui aimerait être invisible, celle qui a peur, celle dont la tête ne tourne pas rond, celle qui pourrait un jour craquer, ouvrir la porte et hurler de douleurs tellement ses émotions la torture.
Ce matin semblait être un bon jour pour tenir bon, pour laisser toutes idées concernant Dimitri traverser mon esprit sans impact.
Mais c’était sans compter sur Marc.
J’ai rencontré Marc il y a quelques années et on s’entend assez bien pour rigoler, prendre des nouvelles et ce lancer des pics en pleine face, mais sans plus.
Il intervient beaucoup au sein de l’entreprise où je travail et surtout, c’est le binôme de Dimitri.
Il n’est pas comme ces potes qui me manquent et qui éveillent en moi un lourd sentiment de nostalgie quand je pense à eux. Nos routes ce sont juste croisées et depuis quelques années on se voit, de loin, quand il passe à l’entreprise.
Mais il m’a démasqué.
Il a remarqué que j’avais changé depuis quelques temps.
Je ne sais pas si c’est par curiosité ou par réel intérêt qu’il a essayé de savoir comment j’allais. Il m’a demandé si je m’étais séparé ou si un membre de ma famille est décédé récemment.
"Tout va bien, je n’ai pas plus de problème que les autres, je gère, comme d’habitude"
Comment lui dire que mon déclencheur de crise vient d’arriver, et maintenant ce tient là, debout, à quelques centimètres de lui et moi, et qu’il nous fixes en plus (j’arrive même pas à le regarder dans les yeux).
Mes lèvres se sont mises à trembler tout en répétant à Marc que tout allait bien.
Une partie de moi aurait voulu tout lui dire. Qu’en fait je suis sujette à des troubles émotionnels, qu’en ce moment c’était le chaos dans ma tête et qu’actuellement je me bats pour que les choses s’apaisent.
J’aurais voulu le remercier aussi. Le remercier d’être le seul à me poser cette question. Lui dire que ça m’a réchauffé l’intérieur de penser que quelqu’un "s’inquiète".
Mais ... non. A ce moment-là j’assistais à un tir à la corde entre mes consciences:
Il a vraiment envie de savoir // Tais-toi !!!
Il comprendra peut-être // Tu vas empirer les choses, arrêtes-toi, ne dis rien !!!
Mince, Dimitri // Tu n’as aucune raison de réagir de cette façon, ressaisis-toi et casse-toi de là !!!
Marc a lâché l’affaire et a sorti à Dimitri : "laissons la tranquille, on ne va pas l’embêter plus que ça".
Et il m’ont laissé là, tremblante et désorientée. J’ai écrasé ma clope et suis parti.
Au bout de 30 min Marc est entré dans mon bureau et s’est excusé. J’ai réussi à articuler un "c’est pas grave" convainquant.
Je me suis calmer allant boire un coup.