... bizarre
STOP ! Tais-toi ! Arrête ça ! Voilà ce que je me répète depuis une semaine.
J’ai l’impression d’être un vase vide, un énorme récipient habituellement rempli d’un joyeux bordel : folie, haine, joie, émerveillement, idées noires, mais qui pour l’instant doit rester vide.
Maintenant que j’y pense, j’ai l’image d’un petit bonhomme sans expression faciale, sur qui on aurait collé un gros sourire forcé, assis sur une chaise en plein milieu de rien, les yeux fixant droit devant, légèrement flippant ... comme je les aime.
Une semaine que j’ai tiré la chasse sur tout ce qui me hantait depuis quelques temps. J’imagine que certains diraient qu’ils se sentent vraiment mieux, qu’enfin la vie est belle et bla bla bla ...
Je me sens pas mieux, je me sens vide et fade, et se sentir vide et fade ben pour info ce n’est pas se sentir mieux.
J’ai pas envie de passer pour celle qui ne va jamais bien, celle qui ne sait pas la chance qu’elle a d’être encore jeune, en bonne santé et bla bla bla ...
Non pas que j’en ai quelques choses à faire de ce que les gens pensent, je veux juste qu’ils pensent à tout sauf à moi. J’ai pas envie d’être dans leur tête.
Ce n’est pas juste. J’ai des gouts bizarres, des idées bizarres, une façon de voir les choses bizarre ... ce n’est pas juste que mon bizarre dérange.
Ils ne savent à quel point c’est triste et fatiguant de passer sa vie à faire attention, à ne pas évoquer ce qu’ils ne comprennent pas:
- Tu crois que sur une de ces étoiles y’a des gens qui regardent le ciel et qui pensent la même chose que moi, là, maintenant.
- Oulaaa. T’as trop bu toi.
BAM !!!
- On ne sait pas comment ça va tourner, et si finalement notre avenir ressemblait à The Walking Dead, je trouve ça flippant mais ça serait pas mal.
- Mais qu’est-ce que tu racontes, dans quel délire t’es parti.
BAM again.
- Tu crois que si les choses étaient différentes ...
- Arrête tes conneries !
Non, je n’avais pas trop bu, je ne délirais pas, c’était juste moi pour une fois.
J’ai cru ces fois là pouvoir sortir de ma bulle, me dévoiler ... mais non.
J’aimerais leur dire que je rêve de rencontrer des gens bizarres et avoir des conversations sérieusement bizarres avec eux. J’aimerais leur dire que pour moi c’est le monde qui tourne pas rond, que c’est eux qui sont bizarres.
Puissent-ils un jour éprouver la même douleur, la même incompréhension, la même rage, la même haine, pour que je puisse un jour afficher un sourire sincère, un sourire libérateur, et de ma plus belle voix leur dire d’aller se noyer dans un lac glacé.
"We’re born alone, we live alone, we die alone"
Me voilà qui pleure maintenant, c’est malin.